La Petite Dernière
Réalisé par : Hafsia Herzi
Date de sortie : 1 octobre 2025
Synopsis : Fatima, 17 ans, est la petite dernière. Elle vit en banlieue avec ses sœurs, dans une famille joyeuse et aimante. Bonne élève, elle intègre une fac de philosophie à Paris et découvre un tout nouveau monde. Alors que débute sa vie de jeune femme, elle s’émancipe de sa famille et ses traditions. Fatima se met alors à questionner son identité. Comment concilier sa foi avec ses désirs naissants ?
La note Cinéphiles 44 : 8/10
« La Petite Dernière », nouveau long-métrage d’Hafsia Herzi, a fait sensation à Cannes cette année, raflant au passage la Queer Palm et le prix d’interprétation féminine pour sa jeune actrice principale, éblouissante de justesse. Et à raison. C’est un film qui avance sur un fil tendu, entre la douceur d’un éveil intime et les secousses profondes d’un conflit culturel. L’héroïne, encore lycéenne, découvre son homosexualité dans un quartier populaire où chaque geste, chaque mot, semble devoir être codé, retenu, pesé. Sauf que le cœur, lui, ne négocie pas. Ce qui frappe ici, c’est la simplicité avec laquelle Herzi aborde des sujets aussi explosifs. Jamais didactique, jamais revendicatif. Elle filme au plus près, avec une caméra qui écoute autant qu’elle regarde, et qui ne lâche pas son personnage principal, même dans ses silences. Il y a des scènes qui serrent la gorge, une conversation avec la mère, un face-à-face tendu avec l’imam, où tout est dit sans que personne ne crie. Le choix de mettre au centre une adolescente musulmane d’origine algérienne n’a évidemment rien d’anodin. On sent que c’est précisément ce que le film veut interroger : que devient le désir quand il se heurte aux attentes d’une communauté, à des traditions, à une foi ? Herzi ne donne pas de réponse, elle préfère poser la question, encore et encore, avec un respect bouleversant pour chacun des personnages. Et c’est peut-être ce respect-là, rare, qui rend le film aussi fort.
